Les matières colorantes sont naturellement disponibles dans notre environnement sous diverses formes, dont les affleurements de roches ferrugineuses dans divers contextes géologiques. Ces matières colorantes rouges ont fait l’objet d’exploitation depuis la fin du Moustérien et durant tout le Paléolithique récent comme en attestent les vestiges archéologiques et les sites ornés en France mais aussi dans le monde entier. Ces matières colorantes semblent s'inscrire au cœur des sociétés préhistoriques dans différentes pratiques (techniques, artisanales et symboliques). Pour désigner ces matières colorantes, l’utilisation fréquente des mots « pigment » ou « ocre » ne permet pas de restituer la grande diversité de ces matières, ni de décrire objectivement ces matières, leurs caractéristiques, leurs provenances et les modalités d’utilisation. Il ne s’agit pas simplement de documenter leurs usages et transformations dans différents contextes archéologiques, mais également de reconnaître leur origine géologique pour comprendre les trajectoires des matières premières jusqu’aux matières utilisées puis abandonnées. Les matières colorantes présentent en effet un certain nombre de propriétés physico-chimiques (propriétés sensibles visuellement et au toucher, d’ordre mécanique et colorantes principalement) qui permettent de les transformer, de les façonner, de les réduire en poudre, de les mélanger avec d’autres substances... De la source d’approvisionnement jusqu’à la réduction en poudre, ces actions de transformation induisent des modifications importantes de la structure pétrographique de la ressource minérale d’origine. Avec la construction d’une matériauthèque de roches colorantes riches en oxy(hydroxy)des de fer, nous proposons d’apporter des connaissances fondamentales pour appréhender les chaînes opératoires impliquant cette catégorie de ressources minérales. La constitution d’une telle Pigmentothèque requiert la mise en place d’une stratégie de prélèvements sur le terrain, ainsi que d’une méthodologie robuste de description et d’analyse de ces échantillons géologiques permettant ensuite de les comparer aux vestiges archéologiques, précieux et fragiles. Ce projet débuté depuis 2016 a permis de mettre en place un vocabulaire de description de ces matières échantillonnées et d’établir une première ébauche d’atlas des formations géologiques ferrifères de la région Auvergne-Rhône-Alpes principalement.