Completing higher education. The social construction of grandeur by students in business schools.
Faire sa grande école. La construction sociale de la grandeur par les étudiantes et étudiants d'écoles de commerce.
Résumé
This thesis focuses on the social construction of grandeur in French 'grandes écoles de commerce' and the way in which students grasp it in terms of their social conditions of existence in a context of commercialisation and competition in the field of higher education. It explores this mechanism on the basis of a protean malaise expressed by students and through a clinical sociology research. Interviews were conducted with 35 young French students in initial education, sometimes interviewed several times, and with teachers, in the 'Programme Grande Ecole'(PGE) of seven French business schools affiliated with the 'Conférence des Grandes Ecoles'(CGE) . Additionally, a study of the websites of these schools and observations in two of these establishments were carried out in a complementary manner. This work contributes to the understanding of the socialisation process at play on campuses. It explores the interactions and social practices of students, their discourses, their system of representations and norms, and the resulting social relationships through which they acquire dispositions. It provides insights into the objective and subjective relationships that students establish with their institutions, shedding light on how these young individuals in training are both products and producers of their school. More specifically, this research highlights how these schools market their grandeur to their students, who in turn establish a multifaceted investment relationship with them where the benefits are expected to compensate for sacrifices. In fact, the pursuit of grandeur, which enhances students' value in the managerial job market and ensures socio-professional security, relies on collaborative efforts from the students with their peers and the institution, tinged with subjection. This work is carried out within the associative space, which is more attractive than the largely disinvested academic space during the first year of studies. It is built upon an 'associative career' established on campuses. Its entry is based on integration rituals and an acculturation process, the actual forms of which vary according to the students' social predisposition to performance. This thesis focus on those who are selected in this second intra-school competition and who become active in associations, and to do so in a gendered way. They are prepared to 'play' enthusiastically and wholeheartedly for their group, to the extent of working for their institution in order to construct its grandeur and their own. The most committed students are those for whom orientation is experienced as an economic cost. Through this social and socio-psychological posture, they undergo a process of subjectivation while learning to navigate the playful associative framework, conforming to rules suitable for the managerial and elite field, and concealing the purposes of their actions on others and on the world. This transformation is sustained by the idealisation of the group and the defence of its practices on one hand, and by the free supervision of students governed institutionally in a 'neoliberal' way on the other. Meanwhile, the teachers work to maintain academic grandeur within and for their institutions. This work, which focuses on men and women who simultaneously invest in, make, and represent their 'grandes écoles', ultimately highlights how the mechanism of excellence, in a market-driven logic, is intertwined with a mechanism of alliance between individuals and organisations.
Cette thèse porte sur la construction sociale de la grandeur dans les "grandes écoles de commerce" et sur la manière dont les étudiantes et étudiants s'en saisissent au regard de leurs conditions sociales d'existence dans un contexte de marchandisation et de concurrence dans le champ de l'enseignement supérieur. Elle explore ce mécanisme à partir d'un malaise protéiforme exprimé par les élèves et à travers une enquête en sociologie clinique. Des entretiens ont été conduits auprès de 35 jeunes français en formation initiale rencontrés à plusieurs reprises, et d'enseignants, dans le Programme Grande Ecole (PGE) de sept écoles de commerce françaises membres de la Conférence des Grandes Ecoles (CGE). Une étude sur les sites internet de ces écoles ainsi que des observations dans deux de ces établissements ont été menées de manière complémentaire. Ce travail contribue à la compréhension du processus de socialisation sur les campus. Il explore les interactions et les pratiques sociales des étudiantes et étudiants, leurs discours, leur système de représentations et de normes, et les rapports sociaux qui en découlent, par lesquels elles et ils acquièrent des dispositions. Il informe sur le rapport objectif et subjectif que les élèves nouent avec leur institution et ainsi sur la manière dont ces jeunes en formation sont à la fois produits et producteurs de leur école. Plus spécifiquement, cette recherche met en évidence comment ces écoles font commerce de leur grandeur auprès de leurs élèves qui établissent avec elles un rapport d'investissement multiple dont les bénéfices doivent compenser un sacrifice. De fait, la conquête de la grandeur, qui donne de la valeur sur le marché de l'emploi gestionnaire et assure une sécurité socio-professionnelle, repose pour les élèves sur un travail d'association, avec leurs pairs et leur établissement, teinté de sujétion. Ce travail s'effectue dans l'espace associatif, plus attractif que l'espace scolaire majoritairement désinvesti durant la première année d'études. Il s'établit sur une "carrière associative" instituée sur les campus. Son entrée repose sur des rites d'intégration et un processus d'acculturation dont les formes réelles varient en fonction des prédispositions sociales des élèves à la performance. Cette thèse se focalise sur celles et ceux qui sont sélectionnés par ce second concours intra-école et qui se mettent en activité dans les associations, et ce, de manière genrée. Ils et elles se disposent à "jouer", "à fond" pour leur groupe, au point de travailler pour leur institution et coconstruire leur grandeur, celle de leur école et la leur propre. Les plus engagés sont celles et ceux pour qui l'orientation est vécue comme un coût économique. Aussi, par cette posture sociale et socio psychique ludique, ces jeunes vivent un processus de subjectivation tout en apprenant à manipuler le cadre associatif, à se soumettre à ses règles du jeu adaptées au champ gestionnaire et élitaire, et à invisibiliser les finalités de leurs actions sur les autres et sur le monde. Cette transformation est soutenue par l'idéalisation du groupe et la défense de ses pratiques, d'une part, par un encadrement libre des élèves gouvernés institutionnellement de manière "néolibérale", d'autre part. Les enseignants, eux, travaillent à maintenir la grandeur académique dans et pour leur établissement. Ce travail, qui s'intéresse aux hommes et aux femmes qui à la fois investissent, fabriquent et représentent leurs "grandes écoles", met finalement en lumière comment la mécanique de l'excellence, dans une logique marchande, est intriquée à une mécanique de l'alliance entre sujets et organisation.
| Origine | Version validée par le jury (STAR) |
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